Une femme aveugle sans papiers cherche un accès aux services vitaux de réadaptation en fonction de ses besoins et non de son statut dans la ville sanctuaire de Coderre

DAmVi1PXYAAaMg3Montréal, le 24 mai 2017 – Depuis plus d’un an, Marcia*, une femme aveugle sans papiers, tente d’accéder aux services essentiels de réadaptation offerts par l’Association des aveugles de Montréal (MAB-Mackay). Ils lui ont été refusés à plusieurs reprises en raison de son statut d’immigrante, malgré l’adoption par la Ville de Montréal d’une politique de la Ville Sanctuaire en février 2017. Les organisations communautaires de Montréal demandent au maire Denis Coderre de trouver une solution et demandent à MAB-Mackay d’adopter une politique d’accès pour les résidents montréalais sans papiers.

«J’ai vécu et travaillé à Montréal pendant plus de 30 ans, en m’occupant des enfants et des foyers des autres. Je n’ai jamais eu accès aux soins de santé en raison de mon statut et de mes bas revenus. Je suis devenue de plus en plus malade jusqu’à ce que je perde la vue à la fin de 2015. Maintenant, je n’ai plus rien. Je devrais pouvoir accéder à des services comme MAB MacKay et vivre avec dignité», déclare Marcia, membre active du Collectif des femmes sans statut de Montréal.

Abdelkader (Kader) Belaouni, un usager du service MAB MacKay qui travaille au Centre des Travailleurs et Travailleuses Immigrants, explique «Les services de réadaptation de MAB McKay m’ont été cruciaux, en tant que personne aveugle, pour gagner et maintenir mon indépendance. Leurs services m’ont aidé à acquérir des compétences essentielles comme de cuisiner pour moi-même, des compétences informatiques et l’utilisation des transports en commun. Je peux survivre au jour le jour, rendre visite à des amis et travailler grâce à cela».

MAB MacKay est le pourvoyeur désigné des services de réadaptation pour les populations anglophones vivant à Montréal. Après avoir perdu la vue, Marcia a demandé à MAB MacKay trois fois, avec l’aide de son ophtalmologiste et du CLSC local. En octobre 2016, on lui a finalement dit qu’elle recevrait des services; Seulement pour qu’ils lui soient refusés quelques semaines plus tard, encore une fois en raison de son statut d’immigrante. Après le passage de la motion de la ville sanctuaire, soixante travailleurs de la santé et des organisations communautaires ont co-signé une lettre à MAB MacKay insistant sur le fait que Marcia doit recevoir des services. En avril 2017, MAB MacKay a de nouveau refusé. Une pétition est en train de circuler publiquement et a déjà reçu l’appui de centaines d’organisations et d’individus.

Le vendredi 19 mai, MAB MacKay a contacté Marcia, lui disant qu’ils lui écriraient dans la semaine à venir sur les services que leur organisation pourrait offrir. L’organisation ne s’est pas engagée à fournir un accès à Marcia en fonction de ses besoin plutôt que de son statut d’immigrant. «Je veux être traitée comme tout le monde. Les gens qui peuvent, sont censés aider les gens. Ils n’auraient pas dû me refuser auparavant. J’ai demandé pendant un an. J’espère que ma parole aidera à ouvrir des portes aux autres », explique Marcia.

«Il y a des dizaines de milliers de migrants sans papiers à Montréal qui, de la même manière que Marcia, ne peuvent accéder aux soins de santé essentiels en raison de leur statut d’immigrant. La situation de Marcia est une preuve puissante de la façon dont la politique de la ville sanctuaire de Coderre n’a pas réussi à résoudre cette crise des soins de santé. Tout le monde devrait avoir accès aux soins de santé», déclare Dr. Nazila Bettache, médecin et organisatrice communautaire.

«L’expérience de Marcia est semblable à celle de beaucoup d’autres femmes migrantes dont le travail est exploité en tant que nounous, soignantes pour les personnes âgées et femmes de ménage. En travaillant dans des conditions extrêmement abusives et précaires, elles ne peuvent accéder aux soins de santé, à l’éducation pour elles-mêmes et pour leurs enfants, à un logement adéquat… Elles vivent constamment dans la peur», ajoute Viviana Medina, organisatrice communautaire avec le Centre de travailleurs immigrants et membre de Femmes de diverses origines.

Des centaines de villes sanctuaires existent déjà aux États-Unis, et plus récemment des politiques de ville sanctuaire ont été adoptées à Toronto, Hamilton et Vancouver. Les organisations communautaires de Montréal comme Solidarité sans frontières ont critiqué la motion de Coderre comme étant limitée et symbolique.

«Si les communautés de sans papiers continuent d’être incapables d’accéder aux services de base et si la police de Montréal continue de collaborer avec l’Agence des services frontaliers du Canada, comment Coderre peut-il qualifier Montréal de ville sanctuaire? Nous exigeons que Coderre prenne des mesures immédiates dans le cas de Marcia et mette en œuvre des mesures qui changeront réellement la vie des personnes sans-statuts vivant à Montréal», explique Rosalind Wong, une organisatrice communautaire avec Solidarité sans frontières.

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PLUS SUR LA CAMPAGNE DE MARCIA

MISE EN CONTEXTE :
– La motion de la ville sanctuaire de Coderre: https://mairedemontreal.ca/montreal-ville-sanctuaire
– Déclaration publique de Solidarité sans frontières concernant la motion de la ville sanctuaire de Coderre: www.solidarityacrossborders.org/fr/community-alert-montreal-is-not-a-sanctuary-city
– Association des aveugles de Montréal: www.mabmackay.ca
– Pétition: http://www.solidarityacrossborders.org/fr/mab-mackay-healthcare-based-on-need-not-immigration-status-stop-the-discrimination-access-for-all

* Un autre nom est utilisé pour sa sécurité