Paola n’est pas seule ! Paola n’est pas la seule !

Paola n’est pas seule ! Paola n’est pas la seule ! 

Montréal, le 27 septembre 2011 — Paola Ortiz s’est rendue vendredi matin au sinistre rendez-vous qui allait la séparer de ses deux jeunes enfants et de ses proches pour la conduire vers le Mexique et la violence sexiste qu’elle avait cherché à fuir il y a 5 ans.

Par leur silence et leur refus d’intervenir pour éviter cette déportation, les autorités fédérales ont démontré un odieux manque d’humanité et une intransigeance criminelle. Si quelque chose devait arrivé à Paola Ortiz dans les semaines, les mois ou les années qui viennent, Solidarité sans frontières en tiendrait tout particulièrement responsables tous ceux et celles qui auraient pu éviter de briser les vies de plusieurs êtres, dont celle de deux enfants en bas âge : Mme Liette Malenfant et Mme Julie Thibodeau de l’Agence des services frontaliers du Canada, MM. Vic Toews et Jason Kenney, respectivement ministres de la Sécurité publique et de l’Immigration.  Il importe désormais de veiller à ce que ces mêmes personnes assurent la santé, la dignité et l’intégrité des enfants Ortiz, nés ici, dorénavant coupés de leur mère. Tout autant qu’à s’assurer que cette coupure soit la plus courte possible et que Paola revienne au plus vite.

Mais les dernières semaines ont été l’occasion de voir à l’œuvre une remarquable solidarité qui a permis de faire sentir à Paola et à sa famille qu’elles n’étaient pas seules. De nombreuses personnes et de multiples organisations se sont mobilisées, ont mis à contribution leur propre réseau et se sont brièvement rencontrées dans la rue, dans des déclarations communes ou dans des actions visant à faire pression sur les autorités et à soutenir Paola. Ces personnes et ces organisations savent désormais — quand elles ne le savaient pas déjà — que leurs affinités, même partielles, même ponctuelles, sont autant d’armes dans leurs luttes respectives pour la justice, l’égalité et la liberté.

Solidarité sans frontières saluent les efforts qui n’ont peut-être pas réussi à renverser des décisions monstrueuses, mais qui ont démontré que nous sommes de plus en plus nombreux et nombreuses à dénoncer la vulnérabilité et la violence auxquelles le système d’immigration expose les êtres venus d’ailleurs. Le soutien populaire qui a accompagné Paola Ortiz dans ses derniers moments difficiles à Montréal est la preuve que les hommes et les femmes d’ici sont capables d’un sens de la justice et de la solidarité aussi grand que la violence dont est capable un système qui se perpétue et se durcit à la faveur de l’insensibilité et de la vision du monde de ceux et celles qui détiennent des pouvoirs sur nos vies.

La médiatisation du cas de Paola Ortiz est le produit de votre solidarité, combinée au courage de Paola et de ses proches. Cette médiatisation, sous la pression de la mobilisation populaire, a été l’occasion pour plusieurs de briser le silence et l’invisibilité où les décideurs publics voudraient garder la réalité des déportations. Elle a certainement troublé les décideurs. Ce trouble n’a pas été suffisant, mais il n’est pas négligeable : une importante brèche est ouverte.

Nous invitons nos alliés à rester informés des réalités que vivent nos frères et nos sœurs qui n’ont pas de statut — migrants rejetés par un système de sélection élitiste et discriminante ou par un système d’octroi du statut de réfugié de plus en plus fermé et inhospitalier. La réalité des sans-statut, c’est la précarité au quotidien et la peur au ventre, peur de la détention, du renvoi et de la déportation, c’est l’absence de droits qui contraint à accepter les pires conditions de vie, les moins bons salaires et les conditions de travail les plus dangereuses. C’est la peur et le non-droit qui exposent à l’exploitation et à la violence de ceux et celles qui ont le pouvoir d’embaucher et de congédier, de louer un logement et d’expulser, ou simplement de dénoncer ses voisins et ses collègues comme le premier ministre Harper nous invitait à le faire récemment.

En décidant de médiatiser son drame, Paola a donné, à ses risques et périls, son nom et son visage à la réalité des déportations qui ne sont malheureusement pas des faits isolés. Les déportations sont beaucoup plus nombreuses et plus courantes que ne le laisse croire le silence des médias et des autorités à leur sujet. Paola n’est pas la seule vie broyée par l’inhumanité d’institutions de plus en plus xénophobes, destinées d’abord et avant tout à protéger ceux qui possèdent les pouvoirs économiques.

Solidarité sans frontières vous invite à rester informer de ses luttes et à l’informer des vôtres, comme elle vous invite à faire vôtres ses principales revendications: la régularisation des sans-statut, la fin des déportations et l’abolition de la double peine.

Le comité de soutien à Paola est toujours actif et la lutte pour que justice soit faite à son égard est en cours. Si vous souhaitez être informés ou offrir du soutien, vous pouvez écrire à l’adresse solidaritesansfrontieres@gmail.com en prenant soin d’indiquer  »Paola » dans l’objet de la boîte d’envoi courriel.