Tandis que le centre de détention de Laval se vide, l’ASFC défend l’idée d’imposer des bracelets GPS aux migrant.e.s

Mise à jour communautaire

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Après deux mois de résistance par les détenu.e.s et les personnes qui les supportent, le Centre de détention de l’immigration de Laval est maintenant presque vide. Seulement deux hommes et une femme sont encore à l’intérieur, sous la surveillance de douzaines de gardiens et de gardiennes. Tandis que la lutte pour vider entièrement cette prison et pour s’assurer qu’elle ne rouvre jamais ses portes continue, nous faisons face à d’autres manières par lesquelles l’État contrôle les migrant.e.s et cherche même à établir de nouvelles formes de surveillance, en utilisant la pandémie comme prétexte.

 

À la fin du mois de mars, les personnes détenues à la prison pour migrant.e.s de Laval (gérée par l’Agence des Services Frontaliers du Canada (ASFC)) ont entrepris une grève de la faim courageuse durant huit jours pour exiger leur libération immédiate. À travers des déclarations écrites et des mises à jour audios quotidiennes, leur appel a reçu du soutien d’Halifax à Vancouver. Tandis que le gouvernement refuse d’accéder publiquement à la demande de les libérer tous et toutes – malgré que des gardiens et des gardiennes aient reçu des tests positifs pour la COVID dans les prisons pour migrant.e.s à Toronto et à Montréal – les libérations des détenu.e.s ont été accélérées à travers des audiences individuelles de révision des motifs de détention. Avec la suspension des déportations, il ne semble pas y avoir eu de nouvelles détentions et le centre s’est vidé.

 

Toutefois, les migrant.e.s sont aussi emprisonné.e.s dans des centres de détention provinciaux. Les prisons du Québec ont le taux d’infection de la COVID-19 le plus élevé de toutes les provinces, mais le gouvernement a refusé les demandes pour un plan de libération complet. À la place, des gardiens et des gardiennes ont utilisé du poivre de cayenne et la force contre des détenu.e.s ayant mené des actions afin de contester les conditions qui leur sont imposées et qui sont dangereuses pour leur vie. Le 5 mai, des détenu.e.s à la prison de Bordeaux ont répondu à ces conditions en entreprenant une grève courageuse de la faim qui continue au moment d’écrire ces lignes. Certain.e.s détenu.e.s migrant.e.s ont été transféré.e.s des prisons provinciales Leclerc et Rivière-des-Prairies (RDP) vers la prison pour migrant.e.s de Laval, puis ont été libéré.e.s. Le 28 avril, quinze hommes demeuraient à RDP pour des charges liés à l’immigration tandis que plus d’une centaine d’autres demeuraient dans des prisons provinciales à travers le pays.

 

Pour plusieurs migrant.e.s, sortir du centre de détention ne les a pas mené.e.s à beaucoup plus de sécurité ou de liberté. La libération implique souvent de payer une caution coûteuse (en effet, certaines des personnes les plus pauvres dans nos sociétés paient des milliers de dollars à l’État pour obtenir leur liberté). Plusieurs font encore face à une déportation potentielle et, entre temps, vivent dans des conditions de logement précaires sans revenu. Le processus de traitement des permis de travail est actuellement suspendu pour ceux et celles qui nécessitent des données biométriques et l’assistance sociale prend des semaines, voire des mois pour ceux et celles qui sont éligibles. Les conditions de libération peuvent inclure des rapports réguliers à l’ASFC, une obligation de vivre avec la personne qui assume la caution et même des couvre-feux et le confinement dans des périmètres prédéfinis. De plus, à travers son nouveau programme de « solutions de rechange à la détention », l’ASFC sous-traite le contrôle des migrant.e.s à des tierces parties telles que la John Howard Society, qui supervisent au Québec des programmes punitifs de « gestion des cas » qui s’apparentent à des programmes de libération conditionnelle, parfois en combinaison avec des stratégies de traçage GPS et de reconnaissance vocale.

 

Sous le prétexte de la pandémie, l’ASFC tente actuellement d’introduire des bracelets de cheville pour localiser par GPS des migrant.e.s au Québec, en les « offrant » à plusieurs détenu.e.s comme un prix à payer pour leur liberté. Nous ne savons pas encore si des personnes ont déjà été libérées sous cette condition. Bien que les avocat.e.s peuvent s’opposer à ce que les bracelets soient imposés à leurs client.e.s, la riposte légale exige beaucoup de temps et peut sembler ne pas valoir la peine pour tous et toutes les avocat.e.s.

 

Le Québec commence à envoyer plus de travailleurs et de travailleuses dans des conditions dangereuses durant la pandémie, et le travail de construction de la nouvelle prison pour migrant.e.s de l’ASFC à Laval est aussi sur le point de reprendre. Tandis que plusieurs personnes continuent à devenir malades et à mourir dans des prisons et des centres de détention à travers le pays, et que de nombreuses personnes ont des difficultés à s’en sortir, il est terrible de constater que l’État choisit de continuer la construction d’une nouvelle prison et de détourner des ressources pour intensifier la surveillance des migrant.e.s.

 

Libérez-les tous et toutes ! Un statut pour tous et toutes !